mardi 12 février 2008

LE MEDECIN ISRAELITE

LE MEDECIN ISRAELITE
En 1943, sous l'occupation allemande, je fus appelé auprès d'un médecin israélite atteint d'un mal irrémédiable. Le Docteur R., inquiet de son état autant que de la menace antisémite qui pesait sur lui, écoutait volontiers mes paroles d'avertissement au sujet de son âme, mais semblait toujours ne pas comprendre la nécessité de la repentance envers Dieu. Quant à la personne du Seigneur Jésus, c'était par politesse envers moi qu'il modérait ses termes.
Un jour, je le trouvai révolté et abattu et je fus surpris de trouver sur sa table de chevet un gros livre, qui n'était autre que l'Ancien Testament en hébreu. Devant mon étonnement, il me dit: "Avant de faire mes études de médecine, je voulais être rabbin". Saisissant ce livre, je lui dis: "mon cher ami, vous avez là le plus grand trésor du monde et tout ce qu'il faut pour trouver le repos de votre âme".
- Comment cela? me répondit-il, je l'ai lu et relu et je n'ai pas trouvé le repos.
- Parce que dans l'Ancien Testament, il est question en figure, en type, en prophétie et en personne aussi, du Messie que vous avez rejeté.
- Oh! vous chrétiens, vous avez arrangé tout cela dans le Nouveau Testament, mais Jésus est un imposteur.
- Ne parlons pas du Nouveau Testament, puisque vous êtes israélite, laissons de côté le Nouveau Testament et, si vous le permettez, je vous demanderai de me traduire un certain nombre de passages de l'Ancien Testament.
Pendant plus de deux heures, en commençant par Esaïe 53, le Psaume 22, et en continuant par de nombreux passages du Pentateuque et des prophètes, je lui fis traduire beaucoup de versets parlant du Messie. Je me gardai bien d'ajouter un mot, laissant à la Parole de Dieu sa pleine et entière autorité. Quand nous eûmes terminé, je le regardai, en reprenant le texte d'Esaïe 53 : "Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent, ainsi il n'ouvre point sa bouche; dans son humiliation, son jugement a été ôté et qui racontera sa génération? car sa vie est ôtée de la terre".
- Je lui demandai: "De qui le prophète dit -il cela? De lui-même ou de quelque autre?".
En proie à une agitation visible, il me dit: "Mais ce n'est pas possible, Jésus est le Christ ?.. Ce n'est pas possible, mais oui, Jésus est le Christ... que nous avons crucifié".
Il se prit la tête avec les mains et répétait: C'est pourtant vrai... "le Messie sera retranché et n'aura rien ..." (Daniel 9:26). Et il redisait de nombreux passages que nous avions lus ensemble. Avec un large sourire, il me serra les mains et je promis de revenir le voir le lendemain.
Le lendemain, je revins et trouvai à son chevet le rabbin, qui lui, ne pouvait admettre que Jésus fut le Christ, et, après quelques paroles, je quittai la chambre. Mais le docteur R. me dit, à voix basse: "Vous reviendrez".
J'y retournai encore le lendemain, mais son état s'était subitement aggravé. Tandis que je me penchais près de son visage, il me dit avec un léger sourire: "Jésus est le Christ".
Quelques heures après son âme s'envolait vers Dieu.
C.B.C.
QUICONQUE CROIT QUE JESUS EST LE CHRIST EST NE DE DIEU 1 Jean 5, 1
Le récit de la conversion de ce médecin juif a été publié dans le N° 1002 (page 233) du "Salut de Dieu" en décembre 1964.

INTERVIEW DE HAÏM LÉVI


INTERVIEW DE HAÏM LÉVI
Le Rabbi HAIM LÉVI est responsable de plusieurs communautés messianiques aux USA.


1) Comment et quand avez-vous trouvé le Messie Yéshoua ?
J'ai rencontré le Messie Yéshoua pour la première fois lorsque j'étais encore un jeune homme, en arrivant aux USA. On m'informa alors que je n'étais plus un Juif mais un Chrétien. A cette époque là, je rencontrai beaucoup d'antisémitisme. Je me refroidis dans mon expérience avec Yéshoua et je devins rétrograde pendant plusieurs années. Durant ces années là, je commençai des études à l'université et je devins ingénieur nucléaire. J'entrepris aussi des études rabbiniques. Finalement, après être allé en Israël dans les années 70, je fis une expérience merveilleuse du salut avec mon Messie. Je devins aveugle pendant 8 heures au cours desquelles j'entendais la voix de Yéshoua qui m'appelait et me disait qu'il allait revenir.

2) Comment êtes-vous devenu rabbi messianique et que signifie ce terme pour vous ?
Je suis devenu rabbi messianique par un appel personnel de Yéshoua. Il m'a dit qu'il voulait que je prêche sa Parole. Quelques mois plus tard, je fus réveillé en pleine nuit - vers 2 h du matin - et Dieu commença à m'enseigner comment fonder une synagogue messianique et ce que signifie le Judaïsme messianique. J'ai donc appris qu'en tant que Juif, nous devons garder notre identité et notre culture juive, en observant les fêtes de l'Eternel. C'est le dernier réveil de Dieu pour Israël. A la maison, nous avons appris à vivre d'une manière juive.
Le mot "rabbi" signifie "enseignant" en hébreu.

3) Combien de membres avez-vous dans votre synagogue et combien d'entre eux sont juifs ?
Nous avons 3 synagogues en Floride sous notre direction :
1 - Beth Israël à Tampa Bay
2 - Beth Israël à Orlando
3 - Beth Jacob à Jacksonville
Nous avons au total environ 100 membres dont 40 sont Juifs.

4) Pourriez-vous décrire brièvement les activités de votre congrégation ? a - La célébration du Shabbat le vendredi, et la réunion du samedi. b - Prière et Etude Biblique, le soir, dans toutes les congrégations, ainsi que des "cours de disciples" pour les jeunes dans la foi. c - Cours d'hébreu et Bar Mizvah. d - Cours de "Danse Davidique".

5) Que représente, pour vous, la "Vision Messianique", actuellement?
Pour moi, la vision messianique signifie : la façon et le moyen par lesquels notre peuple juif vient au Messie Yeshoua. Les juifs n'ont pas besoin d'être "gentilisés" (devenir comme des gentils) et d'abandonner leur culture hébraïque pour pouvoir parvenir au salut. Le salut ultime d'Israël se trouve en Romains 11 v 15 : "Car si leur mise à l'écart a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon le passage de la mort à la vie ?" Je crois que les gentils des nations ne verront jamais un grand et réel réveil avant que le réveil des juifs ne soit arrivé premièrement, d'après ce que Paul dit dans ce passage aux Romains.

6) Un court commentaire sur l'élection et la vocation d'Israël !
Israël a été appelé pour devenir le moyen par lequel le Messie, le Sauveur du monde se manifesterait. C'est par Israël que Dieu a envoyé les prophètes. Israël a été élu pour être la nation choisie. C'est elle qui conserve les alliances de Dieu qui sont toutes éternelles. La vocation d'Israël, c'est d'être pour le monde la lumière des grandes promesses et de la puissance de Dieu.

7) Pour gagner des juifs à Yeshoua quelle est la chose la plus importante ?
La chose la plus importante, c'est que Yeshoua est l'ultime et le seul Agneau sacrificiel. Il est le Messie souffrant, et hors du Messie, il n'y a pas de salut. Sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon pour les péchés.

8) Que désirez-vous dire à vos frères et sœurs juifs en Europe qui ne connaissent pas encore Yeshoua ?
Je voudrais dire ceci : quand Yeshoua (Jésus) vint ici sur la terre, ce n'était pas pour créer une nouvelle religion, ni pour détourner notre peuple juif de Dieu. Tous ceux qui lui appartenaient étaient Juifs. Il était Juif Lui-même, né d'une mère Juive. Après sa mort sur la terre, ses disciples étaient connus comme "Nazaréens", membres d'une "secte juive". Durant plus de 200 ans ont existé des synagogues juives entièrement composées de Juifs qui le suivaient en tant que Messie et Sauveur. Il est l'accomplissement total de tout de que les prophètes ont prédit. Nous, Juifs Messianiques, qui suivons notre Messie Juif, aux USA, nous n'avons pas cessé d'être Juifs. En fait, nous sommes plus Juifs que jamais auparavant. Nos synagogues (Messianiques) sont des lieux de joie et de réjouissance. Nous savons que nous sommes Juifs et que nous sommes libres de l'adorer en tant que Juifs. La plupart d'entre nous avons découvert Yéshoua comme Messie en lisant le chapitre 53 d'Isaïe. C'est le chapitre que Rashi (un rabbi français 1040-1105) appelle "le Messie Souffrant". Pouvez-vous, s'il vous plaît, lire ce chapitre et prier ainsi : "Père, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, si ce chapitre décrit le Messie, révèle-le moi. Mon Dieu, je veux recevoir tout ce que tu as préparé pour moi. Donne-moi ta joie, ton espérance et ton but pour ma vie. Je veux connaître une relation personnelle avec toi mon Dieu, Amen !"

Interview fait par Anya GHENNASSIA aux USA

Du Sinaï à Golgotha


Du Sinaï à Golgotha
Lettre de Jean Samuel Syniak



1. Mon enfance et ma jeunesse
La Russie est ma patrie. Mon père était un pieux rabbin de la Pologne russe, qui, fidèle aux enseignements du Talmud, s'efforçait de suivre à la lettre les commandements de la loi et de la Thora. Il espérait ainsi se justifier devant Dieu et s'attirer sa bénédiction.
L'union de mes parents resta stérile pendant six ans. Ils priaient Dieu de leur donner un enfant, car les enfants ne sont pas seulement pour les Juifs une manifestation de la bienveillance divine, mais toute union restée stérile doit être dissoute au bout de dix ans, d'après les prescriptions du Talmud.
Je naquis en 1863 et fus paralysé des pieds jusqu'à l'âge de 7 ans. Mon éducation fut extrêmement sévère dès la première enfance. Combien de fois mon père ne m'a-t-il pas puni pour avoir, inconsciemment ou non, laissé tomber à terre le petit bonnet que les Juifs doivent toujours porter? J'étais également puni si les houppettes de mes vêtements étaient en désordre (Voyez Nombres 15, 37 -39), ou si je n'avais pas renvoyé tout de suite un enfant étranger venu pour jouer avec moi. Mon père mourut à trente-six ans. Il avait été un bon père, bien que très sévère. Il s'était ruiné la santé par les privations qu'il s'était imposées pour arriver à la sainteté.
Ce fut alors ma mère qui entreprit mon éducation. C'était également une femme pieuse, mais douce. A sa grande satisfaction, je fis de rapides progrès à l'école. j'avais de la facilité pour l'étude, et je m 'y adonnais avec ardeur. Mes maîtres et mes parents pensaient que je deviendrais une lumière en Israël.
2. Professeur plutôt que rabbin
Mon ambition était de devenir rabbin, parce que j'appartenais à la classe sacerdotale. D'après notre arbre généalogique, je descendais de la maison d'Aaron; c'est pourquoi je fus placé, dès ma neuvième année, dans la synagogue, avec ceux qui bénissent la communauté. Dieu m'avait donné une conscience délicate que la sévère éducation de mes parents avait encore développée. Dans ma quatrième année, j'avais déjà conscience de l'horreur du péché et de la sainteté de Dieu. En me baignant, je fus une fois en danger de mort; l'angoisse de mon âme fut terrible, car j'étais un pécheur et je le savais; mais comme j'étais nu dans l'eau, je ne pouvais pas même implorer le secours de Dieu. D'après les prescriptions du Talmud, un Juif ne peut prier qu'en étant complètement vêtu. Mais Dieu me sauva de ce danger, comme dans sa grâce, il m'a sauvé, plus tard, de la perdition éternelle.
Quand j'eus treize ans on célébra la fête de mon émancipation et de ma propre responsabilité. J'avais composé moi-même le discours que le jeune garçon doit prononcer à cette occasion et qui, d'habitude, est fait par son maître de religion. J'avais choisi comme sujet «le Nazaréen». Mon désir était de consacrer ma vie entière à Dieu. Le jour où je reçus les amulettes, fut un jour de pieuses résolutions, et je puis le dire, un jour heureux.
Mais, deux jours après, j'étais déjà abattu et découragé. J'avais manqué à mes engagements et je réalisais mon incapacité à mener une vie sainte, parce que mon coeur était mauvais. Depuis ce moment, ce fut une lutte intérieure ininterrompue et un soupir constant après la délivrance.
Sur le conseil de mon guide spirituel, je me joignis à quelques jeunes gens juifs, zélés dans la foi, en compagnie desquels j'étudiais la loi, avec jeûnes et prières, depuis sept heures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi, et depuis quatre heures de l'après-midi jusqu'à cinq heures du matin. Sur les vingt-quatre heures de la journée, je ne m'accordais que trois heures pour mes modestes repas et un court sommeil. Je ne me mettais pas sur le lit, dormant sur une chaise dans la salle même de l'école. Le vendredi matin seulement, je rentrais à la maison et me couchais jusqu'au samedi matin.
Je menai cette vie pendant deux longues années, jusqu'à ce que ma santé se ressentît sérieusement des privations et des veilles auxquelles je m'étais astreint. Mais mon âme aussi était malade, car je ne trouvais pas la paix. C'est pourquoi je renonçai à mon projet de devenir rabbin et je me préparai au professorat. Après quelques années d'études, j'obtins une place de professeur de russe et d'hébreu près de Kischineff en Bessarabie, loin de ma patrie.
3. Le mouvement en Bessarabie
Après la mort du tsar Alexandre Il éclata une persécution contre les Juifs, dont la Bessarabie se ressentit. Beaucoup de Juifs émigrèrent en Palestine avec l'idée d'y fonder une colonie. Le soin d'y chercher un coin de terre favorable à la réalisation de ce projet fut confié à l'avocat Joseph Rabinowitsch, un homme des plus éminents.
Rabinowitsch était un savant qui connaissait aussi l'histoire des Evangiles, mais il était libre-penseur, quoique fils d'une Juive croyante. Il se rendit à Jérusalem et y visita les lieux saints, entre autres l'église du Saint-Sépulcre, élevée, dit-on, sur le tombeau du Christ. Ses regards errèrent longtemps sur ce lieu mémorable. Subitement, une question vint agiter son âme: Celui qui a été déposé dans ce sépulcre aurait-il été le Messie de mon peuple? Pourquoi Israël l'a-t-il fait crucifier? Et qu'en est-il maintenant de mon peuple?.. Pourquoi tous les malheurs qui l'ont accablé depuis lors?.. Questions sur questions se succédant avec la rapidité de l'éclair, s'imposaient à lui, éclairaient son coeur jusqu'à y amener la lumière. En ce lieu même, le juriste juif incrédule devint un chrétien. Son coeur fut pleinement et divinement convaincu que ce Jésus, crucifié par son peuple, était ressuscité, qu'il était le Fils de Dieu et le Roi d'Israël. Rabinowitsch quitta l'église du Saint-Sépulcre comme «une nouvelle création».
De retour à son hôtel, le nouveau converti écrivit à Kischineff: «J'ai trouvé la clé de la question juive.»
On peut penser à la joie et l'agitation que cette communication provoqua dans sa ville natale. Les journaux la répandirent et tous les habitants attendirent avec impatience le retour de leur concitoyen. Il arriva, au bout de quinze jours, et organisa une réunion à laquelle se rendirent tous ceux qui le purent. En présence des Juifs les plus considérés de la ville, Rabinowitsch tint une conférence qu'on suivit avec une attention soutenue. Comme Etienne au chapitre 7 des Actes, l'orateur démontra à ses auditeurs comment Dieu avait miséricordieusement conduit son peuple, lui envoyant des témoins qui tous, l'un après l'autre, furent rejetés par lui. Il retraça toute l'histoire du peuple juif jusqu'à Jésus de Nazareth, et termina par ces paroles: «Et ce Jésus est le Christ, notre Messie promis. Voilà la solution de la question juive.»
La stupeur et l'indignation succédèrent à ces paroles. En moins de deux minutes, la salle se vida. Les auditeurs s'enfuirent en pleurant et secouant la tête.
Depuis ce jour, Rabinowitsch annonça journellement Christ. Nombre de Juifs vinrent vers lui. Quelques-uns blasphémèrent, d'autres discutèrent et il n'y en eut pas peu qui se convertirent au Seigneur.
Il avait des réunions régulières chez lui, et lisait deux chapitres de l'Ecriture, un de l'Ancien et un du Nouveau Testament. Dans le premier, il faisait voir la prophétie; dans le second son accomplissement; dans l'un, l'ombre; dans l'autre, la réalité: Christ. A l'entrée de la maison se trouvait inscrite en russe et en hébreu, cette parole de Pierre: «Que toute la maison d'Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» (Actes 2, 36).
4. Ma conversion
Tel était l'état des choses quand la main de Dieu me conduisit en Bessarabie. J'étais misérable et abattu. La question de mes péchés pour lesquels je n'avais pas de propitiation, me préoccupait sans cesse et ne me laissait aucun repos.
Suivant les prescriptions du Talmud, je lisais journellement, avant mes prières du matin et du soir, les premiers chapitres du Lévitique qui traitent des sacrifices et j'y ajoutais toujours suivant l'ordonnance: «Que la répétition de ces paroles devant toi, ô Dieu, me soit comptée, comme si je t'avais moi-même offert un sacrifice!» Mais il y avait toujours en moi un doute sur l'exaucement de ce souhait par Dieu.
Je désirais de tout mon coeur pratiquer les préceptes de Dieu que je savais justes et droits, mais je n'en étais pas capable. J'avais déjà prêté l'oreille au tentateur et comme je ne trouvais pas de paix dans "la Thora, je m'étais plongé dans l'étude des livres philosophiques. Je lus Spinoza et Kant, j'allai au théâtre, chose condamnable pour un Juif fidèle. Naturellement, mon âme, en quête de paix et de communion avec Dieu, y trouva encore moins de soulagement que dans les exercices religieux.
C'est alors que j'entendis parler des prédications de Rabinowitsch sur le Dieu des Gentils. Malgré ma misère, j'en ressentis une vive indignation, et pendant longtemps, je ne pus me décider à aller l'écouter. Par contre, j'écrivis au rédacteur d'un journal juif à Saint-Petersbourg qu'un juriste juif tenait à Kischineff des conférences pour Juifs et engageait ses auditeurs à adopter le Dieu des chrétiens. Le journal publia ma lettre avec l'observation qu'en qualité de professeur j'étais qualifié pour aller confondre cet homme. Ma discussion avec Rabinowitsch serait alors publiée.
Suivant l'indication du journal, je me rendis un samedi matin de l'automne 1884 dans la maison de Rabinowitsch. Il parlait ce jour-là des villes de refuge que, dans l'ancienne alliance, Dieu avait données à son peuple, pour que quiconque ayant involontairement versé du sang innocent, pût s'y enfuir et échapper au vengeur. Rabinowitsch lut le chapitre 35 du livre des Nombres et ensuite quelques passages du Nouveau Testament.
J'entendis avec stupeur que mon peuple avait versé le sang d'un juste de la semence de David et que ce juste avait crié à Dieu sur la croix: «Père, pardonne- leur, car ils ne savent ce qu'ils font». Voilà pourquoi, expliqua Rabinowitsch, Israël est momentanément en fuite devant le vengeur du sang. Mais où peut-il fuir? L'orateur démontra alors que, d'après les prophéties divines, le seul salut possible pour Israël se trouvait dans les souffrances et la mort du Juste sans péché, comme dit Esaïe: «II a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris» (Esaïe 53, 5). «Ce Saint d'Israël», continua Rabinowitsch, «que son peuple a rejeté et tué et depuis la venue duquel le sceptre a été retiré de Juda, n'est nul autre que Jésus Christ, le Fils de David. C'est de lui qu'il est écrit, dans le Nouveau Testament: Le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, nous purifie de tout péché. C'est pourquoi Lui, dont Israël a versé le sang, est la ville de refuge d'Israël».
Ces paroles me pénétrèrent dans le coeur. J'entendis là -et combien j'avais soupiré après cette révélation! -qu'il était possible d'obtenir le pardon des péchés, et la paix avec le Dieu de nos pères qui, suivant les prophéties, avait envoyé un rédempteur, Jésus, de Bethléhem la ville de David, de la maison de Juda. J'appris que le Lion de la tribu de Juda, la semence promise à la femme était Celui qui mourut à Golgotha et y écrasa la tête du serpent.
A la fin de la réunion, je me rendis auprès de M. Rabinowitsch et lui demandai un Nouveau Testament qu'il me donna avec joie, puis, je me hâtai de rentrer avec mon trésor. Je passai trois jours et trois nuits, coupés de courtes interruptions, sur ce précieux livre. Je le lus d'un bout à l'autre avec attention. Quelle clarté d'en haut ne m'apporta-t-il pas, quelle plénitude de lumière!
Au début, je ne compris naturellement que bien imparfaitement ce que je lisais. Mais les évangiles, les Actes et surtout l'épître aux Hébreux me révélèrent le glorieux plan de Dieu pour le salut du pécheur. Je vis l'état de perdition de l'homme par nature éloigné de Dieu et n'ayant que le jugement et la condamnation à attendre. J'y trouvai la confirmation de ce que je sentais depuis des années, et qui me faisait soupirer, savoir que l'homme est coupable, perdu et incapable de s'aider lui-même. Mais Dieu me montra aussi la merveilleuse rédemption préparée pour le pécheur, le salut éternel qu'II lui offre dans son inexprimable amour, et je trouvai la paix par la foi au sang de Jésus que Dieu a présenté comme propitiatoire (Romains 3, 25). Une joie indescriptible remplit mon âme. Plus de cent passages de l'Ancien Testament restés obscurs pour moi jusqu'à présent, s'éclairèrent soudain. J'adorai Dieu avec reconnaissance et actions de grâces, car Il était maintenant devenu mon Dieu et Père en Jésus Christ.
5. Années d'épreuve; mon émigration
Je fis loyalement part au rédacteur du journal de Saint-Petersbourg du résultat de ma démarche auprès de Rabinowitsch lui disant que j'avais trouvé par son moyen le salut et la paix en Jésus. Pour des raisons faciles à comprendre, ma lettre fut passée sous silence. J'écrivis aussi à ma mère à laquelle j'avais pensé dès que j'eus trouvé le Seigneur. Je savais combien elle aussi souffrait sous le poids des lois du Talmud et combien elle soupirait après la délivrance. Mais elle ne me comprit pas du tout, crut que j'avais perdu la raison et me pria de demander un congé et de rentrer à la maison. Je lui écrivis alors une seconde lettre bien détaillée. Elle y répondit par des paroles terribles et déclara ne plus vouloir me revoir si je reniais la foi de mes pères.
Les années qui suivirent furent pour moi des années de souffrances amères, pendant lesquelles je fus exposé à bien des épreuves et tentations. La pensée d'être à jamais séparé et rejeté de ma mère que j'aimais si tendrement, me brisait le coeur.
Mais la voix de Dieu resta victorieuse et mon plus grand chagrin était de ne pouvoir partager avec ma mère le bonheur de connaître le Seigneur. La tentation de garder le don de grâce de Dieu comme un trésor secret, connu de moi seul, ne tarda pas à m'effleurer. Je savais que je perdrais ma position de professeur sitôt que je reconnaîtrais Christ officiellement. Il m'arrivait souvent de crier à Dieu dans la nuit: «Seigneur, tu sais que je ne t'ai pas cherché; mais toi, tu m'as cherché et trouvé. Montre-moi donc mon chemin et guide-moi.» Et le Seigneur me donna la force de ne pas mettre ma lumière sous le boisseau. Ce fut naturellement la fin de ma carrière de professeur dans un institut judaïque.
M. Rabinowitsch et d'autres amis me proposèrent d'évangéliser les Juifs en qualité de missionnaire rétribué. Autant j'aurais aimé travailler pour le Seigneur parmi mes frères selon la chair, aussi peu je pouvais me décider à le faire dans les conditions proposées. L'exemple de l'apôtre Paul se présentait trop clairement devant moi, aussi j'expliquai à mes amis mon désir d'apprendre le métier de serrurier avant d'annoncer l'évangile, pour pouvoir le faire sans salaire. Cela me semblait spécialement important pour l'oeuvre parmi les Juifs, parce qu'ils sont très disposés à chercher un mobile intéressé à tout travail.
Mon idée d'apprendre encore un métier à l'âge de vingt-cinq ans fit sourire mes amis, mais je n'en fus pas troublé, car je sentais que mon plan était approuvé de Dieu. Je quittai donc la Russie et m'installai en Allemagne, dans la ville de B. où je trouvai un serrurier croyant qui consentit à m'accepter comme apprenti. Dans sa grâce, Dieu me donna les forces et les facultés nécessaires à ma nouvelle tâche.
6. En apprentissage: la malédiction de ma mère
Je fus baptisé à B. et, tout en sachant quelle nouvelle amertume cela occasionnerait à ma mère, je considérai comme mon devoir de lui en faire part. Aussi longtemps que le Juif converti n'est pas baptisé, il y a encore de l'espoir pour les siens, mais d'après la croyance juive, s'il est baptisé, il n'y a jusque dans l'éternité plus de salut possible pour lui. Aussi quand je partis pour l'Allemagne ma mère m'avait-elle adjuré de ne pas m'y faire baptiser, ce qui l'obligerait à me maudire. Elle exprimait l'espoir que je serais préservé de ce pas décisif par la piété de mes parents et de mes ancêtres.
Quand, d'un aveu heureux mais tremblant, je lui eus fait part de mon baptême, je reçus la lettre la plus inexorable qu'elle eût jamais écrite. En la lisant, je m'effondrai contre le mur. Il fallut me transporter dans ma chambre où je restai trois jours comme anéanti. Ma mère m'écrivait: «J'ai reçu la nouvelle de ta mort. J'ai déchiré mes vêtements et mis des cendres sur ma tête. Le temps de mon deuil a commencé. Suivaient toutes les malédictions énoncées dans les livres du Lévitique, chapitre 26 et Deutéronome chapitre 28. La lettre se terminait par ces mots: «L'Eternel fera aussi venir sur toi toutes les maladies et toutes les plaies qui ne sont pas écrites dans le livre de cette loi, jusqu'à ce que tu sois détruit» (Deut. 28, 61).
7. Profonds exercices: saint par moi-même ou en Christ
A ce coup douloureux vinrent s'ajouter de pénibles désillusions. Je n'avais rien attendu du christianisme de Russie, religion de forme avec adoration d'icônes. Par contre, ce fut plein d'heureuses espérances que je recherchai les chrétiens d'Allemagne. Hélas! Je dus faire l'expérience de la vérité des paroles de Jésus concernant ceux qui disent: «Seigneur, Seigneur!» sans lui appartenir réellement. Les chrétiens que je rencontrai à B. et plus tard ailleurs cherchaient la sanctification de la chair. Leurs enseignements m'obscurcirent la haute position que le croyant possède en Christ et que Dieu m'avait clairement révélée par sa Parole. J'essayai de me sanctifier moi-même et me plaçai à nouveau sous la loi. Je m'efforçai d'améliorer ma vieille nature qui, d'après la Parole, est incorrigible et que Dieu a crucifiée et jugée avec Christ sur le bois de la croix (Galates 2, 20 et 24). Comme je ne réussis pas, je devins très malheureux. Je me trouvai dans l'état des Galates et des Colossiens que l'apôtre admoneste si sévèrement dans ses épîtres. J'étais tombé dans un mélange de judaïsme et de christianisme.
En un mot j'avais perdu Christ de vue. Mes regards avaient été détournés du Sauveur ressuscité et assis à la droite de Dieu. Je m'occupais de moi-même, de ce pauvre misérable vieil homme dans lequel il n'y a pas de bien (Rom. 7, 18). Comme beaucoup d'autres, je ne pensais à Christ que pour le supplier jour et nuit de me sanctifier et de purifier ma nature pécheresse. Comment aurait-il pu exaucer cette prière? Sa mort à la croix m'avait déjà complètement sauvé, justifié (Rom. 6, 6, 7). La certitude bénie que le Saint Esprit habite en moi était troublée, ainsi que l'assurance d'aller vers le Seigneur dès qu'il m'appellerait, vérités qui m'avaient rendu si heureux en Russie. J'étais si malheureux que je ne savais plus si j'étais juif ou chrétien. Dans tous les cas, le christianisme dont j'étais entouré était à peine meilleur que le judaïsme dont je sortais.
Je n'avais rien gagné. Mais Dieu eut pitié de moi et me ramena par la puissance de son Esprit et l'aide de sa Parole, à la simplicité quant au Christ. Il me montra que ma place et ma part étaient en Christ et que par lui j'étais déjà saint et parfait, capable d'avoir part au lot des saints dans la lumière, en qualité de nouvelle création, membre de Christ, un avec Lui pour toujours, de manière que rien ne pouvait me séparer de son amour.
Depuis ce moment, je fus de nouveau heureux et je pus, d'un coeur joyeux, regarder Dieu comme mon Père.
8. Bonne nouvelle de Russie
Il s'était écoulé environ un an depuis que j'avais reçu la lettre foudroyante de ma mère. J'étais mort pour elle. Je n'espérais plus rien recevoir d'elle, mais je continuais à lui écrire chaque semaine, tout en craignant qu'elle ne lût pas mes lettres. Je n'avais parfois plus le courage de prier pour sa conversion.
Mais un jour, à ma grande surprise, arriva une carte dans laquelle elle me disait: "Cher enfant, j'ai été malade et me trouve dans une grande détresse d'âme. Je t'adresse deux requêtes: Pardonne-moi, et envoie-moi un autre Nouveau Testament. Prie pour moi! Ta mère.»
Comme je fus heureux! Le jour même, j'expédiai un Nouveau Testament hébreu, et lui écrivis une lettre pleine d'affection. La réponse ne tarda pas. Ne connaissant pas les circonstances dans lesquelles je me trouvais, ma mère me priait instamment de la visiter en Russie. Mais comment faire face aux frais de voyage? Ce que je gagnais, en été, comme serrurier, servait à payer, en hiver, mes études techniques. De plus, je me sentais moralement obligé de venir en aide à un ami de Bessarabie, converti par le moyen d'un Nouveau Testament que je lui avais donné et qui, ayant perdu sa place de professeur, se trouvait dans le besoin avec sa famille.
Mais Dieu est un Dieu merveilleux. A peine eus-je envoyé l'argent à mon ami, que je reçus une lettre d'un chrétien de Stuttgart, m'invitant à loger 'chez lui gratuitement pendant mon stage à l'école technique. C'était un grand secours que je reçus avec reconnaissance de la main de Dieu, mais cela ne m'aurait pas rendu possible le voyage de Russie, si une dame croyante, informée de mes circonstances ne m'avait pas offert l'argent nécessaire. Je profitai des vacances de Noël pour me mettre en route. Sur le désir de ma mère, nous ne nous rencontrâmes pas dans ma ville natale, mais dans une localité distante de quelques kilomètres.
Quand j'arrivai, ma mère m'attendait depuis deux heures à la gare. Elle tomba dans mes bras en s'écriant: "Mon enfant, mon enfant!» Nous nous rendîmes en traîneau à l'hôtel où elle avait retenu des chambres.
Nous n'y étions pas depuis quelques minutes, nous entretenant de mon voyage et de diverses choses, qu'elle poussa un profond soupir et me dit: «Et maintenant, mon enfant, parlons de la chose importante. Tu vois que je vieillis. Qu'en sera-t-il de mon âme, quand je viendrai à mourir?»
J'aurais trouvé bien plus facile de répondre par écrit à cette question que de le faire oralement. Je restai un moment sans trouver les mots convenables. Je dis enfin: «Mère, je crois que tu sais ce qui en est.»
Elle me regarda tristement et dit: Mais tu sais que j'ai si souvent blasphémé le nom de Jésus, et toi aussi, je t'ai maudit et résisté de toutes manières. Peut-il y avoir encore un pardon pour moi?
Je la consolai et lui répondis que ses remords à ce sujet étaient sans nul doute l'oeuvre du Saint Esprit et une preuve de la grâce agissante. Ces paroles la calmèrent immédiatement et semblèrent rafraîchir son coeur meurtri. Nous eûmes ensuite une longue conversation. Si je m'écartais du sujet, ma mère y revenait et me posait de nouvelles questions sur le salut de Dieu.
Le lendemain, elle vint me trouver de bonne heure dans ma chambre et reprit le sujet de la veille, s'écriant tout à coup: Pourquoi douterai-je encore? Le même Dieu qui a annoncé le jugement pour des coupables, a aussi créé le moyen d'y échapper. Il offre au pécheur un salut gratuit et complet par son Fils, Jésus Christ, qui souffrit et mourut à la place des coupables. Tout cela est vrai pour moi aussi. Oui, je crois!
J'étais au comble du bonheur. J'avais besoin d'épancher mes sentiments en actions de grâces, et je m'agenouillai. Ma mère imita mon exemple, et, à ma surprise, pria la première: «Seigneur Jésus, je te remercie pour la rédemption que tu as accomplie et pour la foi que tu m'as donnée. Tu sais qu'elle est encore faible. Fortifie-la et augmente-la, je t'en prie.»
Après que j'eus aussi prié et remercié le Seigneur pour sa miséricorde, nous lûmes ensemble un passage de sa précieuse Parole. Sur le désir de ma mère, ce fut le chapitre des Actes relatant le discours et le martyre d'Etienne.
«Ah! dit-elle ensuite, quel malheur que notre peuple soit aussi aveuglé et animé de haine contre Christ! Combien les croyants sont heureux! Je me souhaiterais une mort semblable à celle d'Etienne. Je regrette maintenant que nous ne nous soyons pas rencontrés à M., ma ville natale. S'ils nous avaient lapidés, ils n'auraient pu tuer que nos corps. Nous aussi aurions pu regarder en haut et dire: «Seigneur Jésus, reçois notre esprit!»
Le voile avait été enlevé de ses yeux par l'Esprit Saint et son coeur débordait de louange et de reconnaissance envers le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, devenu aussi son Père.
Cela m'intéressa d'entendre ce que ma mère me raconta sur la période qui avait suivi pour elle l'annonce de mon baptême. Selon la coutume juive, elle avait pris le deuil pour ma mort. Avant la fin du temps de deuil, il arriva une lettre de moi accompagnée d'un Nouveau Testament. Le livre fut jeté au feu comme ses prédécesseurs. La lettre resta fermée. Après quelques heures, ma mère fut poussée à la lire. Elle l'ouvrit, en parcourut quelques lignes et la mit de côté.
Après beaucoup de combats intérieurs, elle la lut quand même jusqu'au bout, pour la repousser ensuite avec horreur. Le jour suivant, cette question la tourmenta: «Jésus serait-il pourtant le Messie?» Elle s'épouvanta d'avoir eu cette pensée coupable et jeûna en guise de pénitence.
Mais un doute s'élevait sans cesse à nouveau dans son coeur. Ce combat intérieur dura des mois, et chacune de mes lettres augmentait sa détresse, jusqu'à ce que, la maladie agissant encore, son aspiration après le salut et la paix devint si forte, qu'elle m'écrivit la carte en question avec la demande d'un Nouveau Testament. Après toutes ces luttes, la joie de ma chère mère n'en était que plus grande.
L'heure de la séparation vint trop vite; mais la certitude d'être indissolublement unis en Christ nous soutint dans la douleur des adieux. Comme l'intendant éthiopien d'autrefois, ma mère continua son chemin, toute joyeuse. Je reçus bientôt la nouvelle de son heureuse arrivée. En tête de sa lettre, elle avait écrit les paroles de Marie: «Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit s'est réjoui en Dieu mon Sauveur!»
9. Jours d'épreuve
La foi de ma mère fut mise à rude épreuve. Elle retomba sérieusement malade et ma soeur, appelée auprès d'elle pour la soigner, apprit le changement survenu en elle par les lettres que je continuais à lui écrire. Ma soeur fut hors d'elle; elle jeta le Nouveau Testament au feu et intercepta mes lettres à ma mère pendant les trois mois que dura la maladie. Mais le Seigneur est fidèle. Par sa puissance qui se manifeste dans la faiblesse, ma mère fut gardée dans la bonne voie.
Pendant ce temps, je passai, à Stuttgart, une phase d'inquiétude. Pourquoi ma mère ne m'écrivait-elle plus? L'ennemi avait-il réussi à la détacher du Seigneur? Ou avait-elle eu à souffrir de la part des Juifs?
Je me décidai à envoyer une carte ouverte avec la remarque que si elle restait sans réponse, je m'adresserais au maire de la ville pour avoir des nouvelles. Là-dessus je reçus une carte de ma soeur écrite en hébreu, dans laquelle, avec beaucoup d'imprécations, elle m'accusait d'être le meurtrier de ma mère et de l'avoir amenée aux portes du tombeau. Je ne devais plus lui écrire; mes lettres ne lui seraient plus remises. Quelque tristes que fussent ces nouvelles, elles m'apportaient du moins la consolation de savoir ma mère vivante et fidèle à sa foi. J'écrivis à ma soeur, la suppliant de me donner des nouvelles et de remettre mes lettres à ma mère, mais sans résultat. Je reçus un jour une lettre d'une dame juive de M., qui avait visité ma mère et qui s'offrait à nous servir d'intermédiaire pour la transmission de nos lettres. Cette dame était sincère; elle avait, en secret, les mêmes convictions que ma mère et elle remplit fidèlement son mandat.
Mais un jour elle m'écrivit en grande agitation qu'une longue lettre à mon adresse avait été trouvée sous l'oreiller de ma mère, lue et communiquée au rabbin, lequel était venu, malgré la grande faiblesse de ma mère, pour l'exclure solennellement de la synagogue.
J'eus plus tard l'occasion de faire la connaissance de cette dame. Elle croit au Seigneur Jésus, ainsi qu'elle me le confia en pleurant, mais n'a pas le courage de le reconnaître officiellement.
Hélas! Il Y a en Russie un grand nombre de ces âmes parmi les Juifs pieux. Peut- être en existe-t-il des milliers.
Contre toute attente, ma mère se rétablit. Ma soeur retourna auprès des siens, et ma mère put de nouveau m'écrire.
Après le départ de ma soeur, ma mère eut la visite d'une dame qui habitait la même maison et qui venait s'informer des causes de l'agitation qu'elle avait remarquée. Ma mère lui raconta alors ce que Dieu avait fait pour elle et comment elle avait trouvé rédemption, salut et vie éternelle par la foi au Seigneur Jésus. C'étaient d'étranges paroles pour cette catholique qui n'avait aucune certitude de salut et pas de paix avec Dieu. Elle écouta avec attention ce que ma mère lui dit et la portion de l'Ecriture qu'elle lui lut et Dieu ne permit pas que sa Parole revienne à Lui sans effet. Il accorda à l'âme altérée le salut et la paix en Jésus. Ces deux dames passèrent ensuite journellement des heures bénies ensemble.
Veuille le Seigneur garder en grâce ma vieille mère ainsi que tous ceux qui cherchent Son secours sous l'oppression! Combien sont heureux, éternellement heureux, ceux qui, en ce temps de grâce, reconnaissent Jésus comme Fils de Dieu et comme leur Sauveur! Oui, il est: «la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu... Celui qui croit en elle ne sera point confus» (1 Pierre 2, 4-6).
transmis http:///www.bethanie-be.com/~israel%20

Présentation et objectifs du "Messager de la Nouvelle Alliance"

Les responsables de l'Assemblée Messianique de Belgique désirent glorifier Elohim - D.ieu - au travers de témoignages vivants. Le Seigneur Yeshoua - que les nations appellent Jésus-Christ - a dit à ses disciples " Vous serez mes témoins ". Le Seigneur Yeshoua désire que nous puissions témoigner de ce qu'Il a fait réellement dans nos vies. Un témoignage démontre que notre Mashiah Yeshoua est bien Vivant et n'est pas seulement un homme qui a vécu etqui est mort, un prophète qui est passé et a vécu il y a 2000 ans. Il est mort, est réssuscité d'entre les morts et a transformé nos vies. Ceux qui ont un témoignage messianique (qu'il soit juif ou chrétien) et qui veulent apporter leur contribution au Royaume de Dieu - Malkhot Ha Elohim, peuvent écrire à l'adresse ci-dessous en y ajoutant sa motivation. Nous vous lirons et vous donnerons notre réponse quant à l'opportunité de diffuser votre témoignage.
webmaster@bethyeshoua.be

Témoignage d’un couple juif : Paul et Rolande Ghennassia


« Nous avons trouvé le Mashiah ! »


Paul Ghennassia fondateur de El Bethel à Paris

Quelle exclamation joyeuse a été celle d’André, annonçant cette merveilleuse nouvelle à son frère Simon Pierre : « Nous avons trouvé le Mashiah » Jean 1 : 41. C’est avec non moins de joie que nous aussi, mon épouse et moi-même, voulons vous dire : « Nous avons trouvé le Mashiah, (le Messie) celui de qui Moïse a parlé dans la Loi ». Deutéronome 18 : 15 à 20. Juifs tous deux, issus de familles religieuses et pratiquantes, nous étions de ceux qui détestaient et méprisaient Yeshoua HaMashiah - celui que les nations appellent Jésus-Christ - ayant appris, dès notre enfance, à le considérer comme un renégat et un imposteur. Dans notre égarement, nous étions ses ennemis et ce passage d’Isaïe était bien notre état réel, bien que nous professions croire en Dieu : « Ils ont abandonné l’Eternel, ils ont méprisé le Saint d’Israël , ils se sont retirés en arrière… La tête est malade et tout le cœur est souffrant, de la plante des pieds jusqu’à la tête, rien n’est en bon état » (Isaïe 1 : 4 à 6).

Cependant, son amour nous cherchait et le moment béni où il allait pouvoir se révéler à notre âme en détresse approchait rapidement.

Une grande épreuve fondit sur notre foyer.

Ma femme, ayant été atteinte d’une tumeur au pied gauche et d’une grave décalcification, fut obligée de rentrer à l’hôpital. Nos enfants, dont je ne pouvais m’occuper, tant à cause de leur âge qu’en raison de mon travail, furent placés dans un orphelinat et je me trouvais seul, face à ma détresse. Cette lamentable situation me conduisit à me plonger dans d’amères pensées, même jusqu’à douter de l’existence de Dieu ! Plus tard, ma femme revint à la maison, mais non guérie et, presque aussitôt, un mal nouveau la frappa sous forme d’eczéma purulent qui transforma son corps en une affreuse plaie.

C’était à désespérer de tout car la coupe de nos infortunes était pleine. Et, ce fut précisément le moment choisi par le Seigneur pour se révéler à nous. Une voisine allant à des réunions où, disait-elle, on priait pour la guérison des malades, me proposa de faire prier pour mon épouse. Quelques jours plus tard, l’eczéma disparaissait complètement.

Cette guérison remarquable lui donna le désir
de se rendre, à tout prix, à ces assemblées.

Après bien des réticences, je finis par l’y conduire. Elle ne pouvait marcher qu’avec des béquilles, à cause de cette tumeur au pied, et c’est dans mes bras que je dus la porter de la voiture qui l’avait amenée, jusqu’à la salle située dans le sous-sol d’un café.
J’assistais donc à cette « conférence » d’un genre tout-à-fait nouveau pour moi, m’efforçant de me cacher afin de ne pas être vu de quelque éventuelle connaissance, tant j’avais honte de me trouver dans cet endroit. Je fus fortement surpris d’entendre le prédicateur affirmer, avec conviction, ce que j’avais nié jusqu’alors de toutes mes forces à savoir, que Yeshoua HaMashiah qu’il appelait Jésus-Christ, était bien le Mashiah annoncé par les Ecritures, l’Agneau de Dieu par le sang duquel « quiconque » peut-être sauvé !

Puis, ce fut le moment de l’imposition des mains aux malades, conformément à l’ordre donné par le Seigneur à ses disciples (Marc 16 : 18). Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsque je vis ma femme, se lever droite sur ses pieds, au moment où l’on pria pour elle et puis faire quelques pas au milieu de l’émotion générale. Elle était arrivée là, dans l’incapacité complète de faire le moindre pas et déjà, je voyais une amélioration instantanée.

Dans la semaine qui suivit, ma femme était transformée à vue d’œil : elle se faisait transporter en taxi à toutes les réunions et quand je rentrais du travail, je la trouvais heureuse, contente, déjà active, malgré ses béquilles qu’elle ne parvenait pas encore à abandonner.

Un dimanche après-midi, au retour de la réunion où je l’avais conduite, je laissais ma femme devant la porte de notre appartement, étant obligé de faire une commission dans le quartier.
A mon retour, je fus étonné d’entendre des cris dans mon logement et de voir tous les voisins réunis autour de ma femme. Je crus tout d’abord qu’elle était tombée, mais à ma question angoissée, elle me dit avec ravissement :

« Regarde le miracle du Seigneur…
Je marche toute seule ! »

En effet, elle avait laissé ses béquilles contre le mur pour pouvoir ouvrir la porte puis, sans s’en rendre compte, elle était entrée tranquillement marchant sur ses deux pieds. Tout-à-coup, réalisant ce qui venait de se produire, elle s’était mise à crier de joie, à louer Dieu exactement comme le paralytique guéri devant la porte du temple (Actes des Apôtres 3 : 8).

Quelques jours après, la guérison était totale et complète et tout en nous sauvant de l’abîme du désespoir, le Seigneur faisait germer la paix, la joie et l’espérance dans nos cœurs. Dans la tempête de notre épreuve, Dieu nous montrait selon l’Ecriture : « Yeshoua le Soleil de la Justice dans les rayons duquel se trouve la guérison » (Malachie 4 : 2).

Ma femme et moi avions déjà commencé à lire avec intérêt la Nouvelle Alliance. Entre temps, tout changeait dans notre foyer libéré de la maladie et de son cortège de découragements. De plus en plus, la transformation de ma femme était évidente. Finies les crises de larmes !
Elle chantait des cantiques tout en vaquant à ses occupations. Elle était heureuse, sentant son cœur délivré d’un grand poids. Je me sentais moi-même, devenir un autre homme, et maintenant je me rends compte, que c’est la lecture de la B’rit Hadashah (Nouvelle Alliance) qui en fut la cause.

Par cette lecture, Yeshoua devenait pour moi, un personnage familier. Cependant, je n’étais pas encore persuadé de sa divinité, tant j’étais imprégné de mon éducation traditionnelle. Pourtant ma haine à son égard s’était dissipée. Au contraire, mon cœur était rempli de reconnaissance pour tout le bien que nous avions reçu en son Nom précieux. Mais je désirais plus encore… Il fallait que soit réglée cette solennelle question qui me hantait sans cesse.

Yeshoua était-il, oui ou non, le Mashiah d’Israël ?

Ce Mashiah dont on m’avait tant parlé dans mon enfance… était-il possible qu’Il soit venu et que le peuple ne l’ait pas reconnu, ne l’ait pas reçu ? Je me procurai un exemplaire de la Torah - Ancienne Alliance - dans la version du Rabbinat français et, un certain jour, bien décidé à découvrir la vérité au sujet de Yeshoua, je me réfugiai dans ma chambre et je me mis à supplier Dieu de m’éclairer à ce sujet. Je lui dis que j’étais prêt à obéir entièrement et à suivre la voie qu’Il me montrerait ! Puis j’ouvris ma Bible, faisant des recherches dans chacun des livres qui la composent. Je n’eus pas à chercher longtemps, car il semblait que Dieu tournait les pages.
Chaque texte parlant du Mashiah me jaillissait sous les yeux, me le montrait, tour à tour, comme Ben Elohim, Fils de Dieu (Tehilim -Psaume 2) avec ses attributs divins (Isaïe 9 : 5-6) dans sa naissance miraculeuse au milieu des humains et à Bethléem (Michée 5 : 1-3 ; Isaïe 7 : 14) dans son œuvre expiatoire sur la croix, pour sauver les hommes (Tehilim - Psaumes 22 ; Isaïe 53) comme celui qui reviendra au milieu d’Israël, lequel reconnaîtra enfin « celui qu’ils ont percé » (Z’Char’Ya - Zacharie 12 : 10).

Je voyais avec un réel émerveillement, comment toutes ces prophéties s’appliquaient à Yeshoua et ne pouvaient s’appliquer qu’à Lui seul. Tout ce qui, dans la version rabbinique, était mentionné comme « passage obscur », devenait lumineux pour moi. C’était tellement prodigieux que j’étais bouleversé de cette lumière qui jaillissait sur mon âme.

Ainsi Yeshoua était bien le Mashiah et son peuple
ne l’avait pas reconnu !

Mais moi, puisque je savais maintenant cela, et que j’en étais convaincu au dedans de moi, il fallait que je le dise, que je le proclame ! Une profonde certitude avait envahi mon cœur : Yeshoua était incontestablement le Mashiah qui devait venir et je comprenais pourquoi Il devait mourir crucifié à Golgotha : c’était afin de me racheter par son sang.
Il était l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés… Il avait fait l’expiation pour moi, une fois pour toutes, afin que je sois sauvé et redevienne fils de Dieu. Sans plus tarder, ma femme et moi fûmes baptisés au nom d’Elohim, Père, Fils et Esprit et, peu après, nous reçûmes un puissant baptême du Ruah HaKodesh - de l’Esprit Saint, lequel nous communiqua une vigueur et une ardeur extraordinaires qui nous fit alors réaliser ce que Elihu a dû éprouver quand il dit : « Je suis plein de paroles, l’Esprit me presse au-dedans de moi, mon intérieur est comme un vin qui n’a pas d’issue, comme des outres neuves qui vont éclater » (Job 32 : 18-19).

Peu après, le Seigneur combla mes vœux en m’appelant au saint ministère. Ma suprême ambition est de travailler de plus en plus pour…

… Proclamer mon Sauveur, mon Mashiah et mon Roi…

… avec la force qu’il me communique par l’Esprit Saint. Comme les paroles de l’apôtre Paul, lui-même fils d’Israël, sont bien le reflet de mes propres sentiments quand il dit : « Je rends grâce à celui qui m’a fortifié, à Yeshoua HaMashiah notre Seigneur, de ce qu’il m’a jugé fidèle en m’établissant dans le ministère, moi qui était auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais j’ai obtenu miséricorde parce que j’agissais par ignorance dans l’incrédulité et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et la charité qui est en Yeshoua HaMashiah. »
« C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue que Yeshoua HaMashiah est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier » (1Timothée 1 : 12-15).


Paul prie


Il y a 45 ans que tout cela s’est produit, et depuis, que d’événements nous avons dû connaître ! Après bien des difficultés et des souffrances, nous avons fondé en 1964 l’Assemblée Messianique El Bethel. Rolande, mon épouse, est décédée et entrée dans le Royaume de Dieu en 1984.

En 1986, j’ai épousé Anya, une « shaliah » envoyée de Dieu pour Israël, qui conduisait le travail à Bruxelles depuis 5 ans. Et nous avons travaillé en Belgique durant 14 années à l’Assemblée Messianique Beth Yeshoua, dont elle était la fondatrice.

Le 9/9/99, Anya à son tour est décédée et entrée dans le Royaume de Dieu, après 18 ans de service et un magnifique travail de service et d’action pour Israël.

Je continue, avec l’aide du Seigneur, le travail qu’Il m’a confié en Belgique, en collaboration avec Emmanuel Rodriguez qui est responsable de l’Assemblée El Bethel de Paris.(NDLR. Depuis lors, Paul Ghennassia s'est retiré en France - pour cause de santé et aussi pour se rapprocher de ses enfants - en laissant la direction de l'assemblée messianique de Bruxelles Beth Yeshoua à Lorenzo Greco qui lui rend visite de temps à autre et avec qui des affinités particulières sont nées au cours de toutes ces années de service dans l'oeuvre messianique).

Rabbi/pasteur Paul Ghennassia.